Alors que l’expérimentation du cannabis médical en France s’achève officiellement le 31 décembre 2024, le futur de ces traitements reste incertain. Malgré des années de tests et un cadre législatif en préparation, les décisions définitives se font attendre, plongeant les patients et les professionnels de santé dans l’incertitude.

Une expérimentation concluante mais sans suite claire

Lancée en mars 2021, l’expérimentation française visait à évaluer l’utilisation du cannabis à des fins médicales pour des patients souffrant de douleurs chroniques, d’anxiété ou d’autres troubles graves. Elle concernait près de 1 800 patients et devait ouvrir la voie à une autorisation officielle en 2025. Cependant, malgré les promesses initiales de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), aucun cadre concret n’a été établi pour la suite.

En décembre, le ministère de la Santé a annoncé une période de transition de six mois pour ces patients. Celle-ci a pour but de faciliter un arrêt progressif des traitements, mais aucune solution pérenne n’a été proposée pour intégrer ces médicaments au système de soins français.

Des questions sur la transparence politique

Malgré un succès apparent de l’expérimentation, le gouvernement n’a pas avancé sur la mise en place des traitements à base de cannabis. L’instabilité politique, marquée par quatre gouvernements successifs en 2024, a été évoquée comme l’un des freins majeurs. Cependant, certains experts, comme le professeur Nicolas Authier, responsable scientifique de l’expérimentation, estiment que le manque de volonté politique joue également un rôle central.

« Les derniers gouvernements semblaient de moins en moins favorables à concrétiser l’accès à ces médicaments », a-t-il déclaré à l’AFP. L’absence d’explications claires du ministère alimente les critiques sur le manque de transparence et de vision à long terme.

Un débat médical et politique

Le cannabis médical suscite toujours des avis divergents en France. L’Académie de médecine, conservatrice dans ses positions, reste sceptique quant à son efficacité. Une étude publiée en 2021 dans le British Medical Journal a conclu à des bénéfices limités pour les patients. Cependant, d’autres pays européens, comme l’Allemagne et le Portugal, ont intégré ces traitements dans leur arsenal thérapeutique avec des résultats encourageants.

Yannick Neuder, nouveau ministre de la Santé, a défendu par le passé le cannabis médical, tout en rejetant catégoriquement son usage récréatif. Sa prise de position dans les semaines à venir sera déterminante pour l’avenir de ces traitements en France.

Un enjeu pour les patients et le système de santé

Pour les patients concernés, l’enjeu est crucial. « Nous nous retrouvons face à une impasse où le traitement s’arrête sans alternative claire », déplore une patiente sous anonymat. Cette incertitude met également en lumière les défis du système de santé français dans son adaptation aux nouvelles approches thérapeutiques.

La décision finale sur l’avenir du cannabis médical repose désormais sur une volonté politique forte et une meilleure prise en compte des besoins des patients. En attendant, le flou persiste, laissant 2025 débuter sans réponse claire sur cette question de santé publique.