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Lekh Juneja : un dirigeant étranger qui prône l’immigration pour revitaliser le Japon

Lekh Juneja, d’origine indienne, fait figure d’exception parmi les dirigeants étrangers au Japon. À la tête de Kameda Seika, une entreprise emblématique spécialisée dans les galettes de riz, il estime que l’archipel doit s’ouvrir à l’immigration pour contrer le déclin démographique et relancer son économie.

Lekh Juneja au siège de Kameda Seika, Niigata, le 5 août 2024
Lekh Juneja au siège de Kameda Seika, Niigata, le 5 août 2024. Crédit : AFP / Yuichi Yamazaki

Un Japon en perte de vitesse économique

Arrivé au Japon dans les années 1980, une époque où le pays brillait au sommet de l’économie mondiale, Lekh Juneja, 72 ans, se remémore un Japon conquérant. « Le pays tutoyait les premières places mondiales en matière de PIB », se souvient-il. Mais depuis, l’économie japonaise a stagné, tandis que d’autres nations comme les États-Unis, la Chine ou la Corée du Sud ont pris le relais en matière d’innovation.

Kameda Seika, fleuron national des senbei (biscuits traditionnels de riz), a prospéré dans l’après-guerre, devenant un symbole du miracle économique japonais. Pourtant, le Japon n’a pas su maintenir cette dynamique, notamment face à une crise démographique croissante.

Lekh Juneja et un employé dans un centre de tests à Niigata
Lekh Juneja avec un employé dans le centre de tests de Kameda Seika à Niigata, le 5 août 2024. Crédit : AFP / Yuichi Yamazaki

La crise démographique : un frein majeur

Le Japon fait face à une urgence démographique sans précédent : sa population devrait chuter d’un tiers d’ici 2040. Cette tendance met à mal les entreprises, incapables de pourvoir de nombreux postes vacants.

« Le Japon n’a pas d’autre choix que d’accueillir davantage d’immigrants pour assurer son avenir économique », affirme Lekh Juneja.

Pour lui, la clé réside dans un changement d’état d’esprit. Le pays doit embrasser la mondialisation, attirer des talents étrangers et moderniser sa culture d’entreprise. Actuellement, la barrière linguistique reste un frein majeur pour les travailleurs non-japonais.

Lekh Juneja échange avec une employée au siège de Kameda Seika
Lekh Juneja échange avec une employée au siège de Kameda Seika à Niigata, le 5 août 2024. Crédit : AFP / Yuichi Yamazaki

Un modèle d’ouverture pour les entreprises japonaises

Depuis sa prise de fonction à la tête de Kameda Seika, Lekh Juneja s’efforce d’internationaliser la marque. Dans le centre de test de l’entreprise, de nouvelles recettes adaptées aux goûts internationaux, notamment américains et vietnamiens, sont développées.

À travers cette initiative, il espère inspirer un changement plus large. « Regardez les États-Unis : les PDG de Microsoft et Google sont d’origine indienne. Le Japon doit également évoluer et tirer parti des talents étrangers pour prospérer. »

Produits Kameda Seika exposés au siège de l'entreprise
Produits Kameda Seika exposés au siège de l’entreprise à Niigata. Crédit : AFP / Yuichi Yamazaki

Un avenir prometteur, malgré les défis

Le parcours de Lekh Juneja reste exceptionnel dans un pays encore peu enclin à confier les rênes de ses entreprises à des étrangers. Toutefois, il reste optimiste quant à l’évolution nécessaire du Japon. « Ici, nous sommes fiers de nos origines, mais intégrer des compétences venues d’ailleurs serait un atout décisif. »

« La différence, c’est que j’ai un passeport japonais », souligne-t-il, évoquant les défis d’autres dirigeants étrangers au Japon.

Pour revitaliser son économie et surmonter la crise démographique, le Japon devra, selon lui, ouvrir ses portes, innover et s’inspirer des modèles internationaux de réussite.

Rédaction basée sur AFP – Simon STURDEE