Après six semaines d’audience, le procès des huit accusés dans l’affaire de l’assassinat de Samuel Paty entre dans une étape cruciale. Ce lundi, la cour d’assises spéciale de Paris s’apprête à écouter les réquisitions du parquet général concernant les responsabilités et les peines encourues par les accusés. Ce moment est attendu avec solennité par toutes les parties.
Les principaux accusés face à la justice
Deux accusés, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, amis proches de l’assaillant Abdoullakh Anzorov, encourent la perpétuité pour complicité d’assassinat terroriste. Ils sont accusés d’avoir aidé le terroriste à se procurer des armes et de l’avoir accompagné près du collège de Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020, jour du drame.
Les deux jeunes hommes ont nié toute connaissance des intentions d’Abdoullakh Anzorov, proclamant leur innocence face à l’accusation de complicité.
Le rôle des vidéos dans la polémique
Brahim Chnina, père de la collégienne à l’origine de la fausse polémique, et le prédicateur Abdelhakim Sefrioui sont accusés d’avoir diffusé des vidéos incitant à la haine contre Samuel Paty. Ces vidéos ont été un déclencheur majeur ayant conduit à la radicalisation de l’assaillant.
« Ce que j’ai fait est irréparable et impardonnable », a reconnu Brahim Chnina lors des audiences.
Pour Abdelhakim Sefrioui, accusé d’activisme islamiste et fondateur du Collectif Cheikh-Yassine, les accusations restent contestées. Il affirme que sa vidéo n’a pas influencé les actes d’Abdoullakh Anzorov.
Les membres présumés de la « jihadosphère »
Les quatre autres accusés, Yusuf Cinar, Ismaël Gamaev, Louqmane Ingar et Priscilla Mangel, sont présentés par le parquet comme membres de la “jihadosphère”. Ils sont accusés d’avoir contribué à la diffusion d’idéologies extrémistes sur les réseaux sociaux et d’avoir interagi avec Abdoullakh Anzorov.
À ce stade, les accusés contestent leur implication directe, à l’exception d’Ismaël Gamaev, qui a reconnu certaines interactions.
Les réquisitions attendues ce lundi
Le parquet général, représenté par Nicolas Braconnay et Marine Valentin, doit présenter ses réquisitions tout au long de la journée. Leurs arguments détailleront les rôles respectifs des accusés dans l’engrenage qui a conduit au meurtre tragique de Samuel Paty.
À l’issue des réquisitions, les avocats de la défense prendront la parole mardi et mercredi pour tenter de convaincre la cour d’assises spéciale d’une requalification des infractions ou d’une atténuation des peines.
Un verdict attendu cette semaine
Le verdict de ce procès, très attendu, pourrait être rendu jeudi ou vendredi. Ce moment marquera une étape importante pour la justice française dans la lutte contre le terrorisme et pour la protection des valeurs fondamentales telles que la liberté d’expression.
« Ce procès doit permettre de rendre justice à Samuel Paty et de rappeler que la République ne cédera pas face à la haine », a déclaré une représentante de l’accusation.
Regards Actuels avec AFP – Alain JEAN-ROBERT